• 15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    Saïgon, le vieux marché

    HCMC, Hôtel Papaye. Lever 7h30. Premier réveil de Zoizeau (de nuit) à 5h. Message sympa du fiston Arthur qui parle des gens qui se mettent en France au balcon à 20h pour applaudir le personnel soignant. Petite vidéo de notre fille qui montre des personnes qui se passent des objets (des victuailles?) de balcon à balcon dans le quartier populaire de Villejean (Rennes).

    Le tit dèje au bar de l'hôtel, c'est juste café sucré qu'on prend, attablés sur le trottoir. A 9h30, pile on est à l'ouverture du Saïgon Center, un grand magasin japonais sur 5 étages, archi nickel, où tout le personnel est venu nous faire une courbette à la nipponne avant de prendre son poste. On trouve un joli livre sur les bières (in english) pour le fiston Arthur. Un souvenir très local, convenez-en.

    Ensuite, on part vers le marché de Ben Thanh, typique à souhait, à côté du métro en construction qui creuse la grande tranchée dans le quartier. On entre au hasard Balthazar par le coin des boutiques de t-shirts, allée peu large, et on est tout de suite harcelés par les vendeuses, comme dans un poulailler. On n'a même pas le loisir de s'arrêter, on nous propose n'importe quoi, tout le monde se lève à mesure qu'on avance. Zoizeau se bouche les oreilles.

    Heureusement, on accède à une allée plus large (plus jamais çà). On est moins harcelés. "Mangue séchée?". On sort par le coin bidoche, on évite de regarder les abats, et soudain les Fratellis sont dehors. Ouf.

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

    Station-service

    Passage au stand (l'hôtel), Zoizeau pressentant un petit épisode de déripette (le premier du voyage pour les Fratellis, en phase avec leurs boyaux). Heureusement, son médecin lui a prescrit un médoc "à Dédé Coat".

    Vers midi, on prend rue Pasteur (un des trois personnages français dont les vietnamiens ont gardé le nom de rue), pour la cathédrale en briques un peu rouge, souvenir de l'Indochine. C'est un peu la place française. Autour, les immeubles sont des souvenirs de la période américaine (1960-1975).

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    La cathédrale, Saïgon. 

    A droite de la cathédrale, la belle poste de 1891, avec le portrait d'Ho Chi Minh sous les voûtes Gustave Eiffel. On mange un Piri Piri chicken avec du riz anti-déripette (et des frites) à la terrasse du Post Office Lounge, juste à droite de la Poste, reçus par une vietnamienne impecc' dans son costume et chapeau conique Jr. Endroit très agréable, peu de touristes.

     

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    Immeuble "américain"

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    La Poste (1891)

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    Dans la poste, Ho Chi Minh sourit

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    Les vieilles cabines téléphoniques

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    On revient à l'hôtel (et sa clim', ouf!) vers 14h. Soleil dehors, 32°. Pause internet et messages.

    Sollicitations et activités dans la rue à Saïgon: unijambistes mendiants, vendeuses de lunettes, nettoyeurs de chaussures à la brosse à dent, réparateurs de scooters, vendeuses de magnets. A la poste, Niglo a acheté 5 euros une grosse pièce de monnaie de Hué circa 1840 (presque un sous-verre!), et Zoizeau deux peignes et des masques anti-Covid (les masques, pas les peignes).

    16h et des brouettes: on part chez Uniqlo par la rue Le Than Ton tout droit, et Dhong Cui à droite (pourquoi j'écris ça, avec Maps me installé par Arthur, Niglo n'a plus besoin de carte, même si Maps me dans la rue plein soleil est malaisé). Emplettes chez Uniqlo, un beau magasin sur trois niveaux. On nous prend la température au front pour entrer (33° dehors, sûr): alright for the Fratellis.

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    On descend un peu par le quartier chic. Soudain, un passage étroit avec des tableaux à vendre. On s'y engage, et on arrive dans un couloir très sombre avec des vietnamiens assis sur des tabourets ou des fauteuils. Un peu la misère. On traverse une sorte de cuisine où une vietnamienne assise de travers ramasse ses jambes pour nous laisser passer. Un long couloir de pénombre, et soudain la sortie donnant sur une grande avenue ensoleillée et pas mal de luxe. La misère cachée?

    18h: on retourne au BBQ garden (il porte un autre nom). Le même personnel sympa. Il n'y a presque personne. On prend le vin australien VPA Chardonnay, et des ribs. 40 euros ce sera. On laisse 5000 dong à Christophe en lui disant de partager avec "the young girl" (le moucheron). Une serveuse, un peu patronne et masculine, nous conseille deux fois d'être prudents. Elle file un petit coup de froid. On sait qu'on est vulnérables, on le paraît encore plus parce qu'on est plutôt sympas je pense (ou je m'avance), mais, comme dit Zoizeau: "on n'est pas nés de la dernière pluie"(il a même plu à torrent maintes fois). C'est vrai. Prudence.

    15. 22 mars 2020 - A Saïgon, si loin est l'Indochine

     

    Hello Chi Minh City!

    21h35. Dodo. Niglo s'est fait une soirée Ian Hunter sur Youtube. Ian était plutôt bon (des fois il est moyen, un peu lourdingue). "Irene Wilde" bien, "All the way from Memphis" avec ce frimeur de Brian May...

    Demain, à nous le Mékong, la grande inconnue (on n'en parle même pas entre nous, mieux vaut dormir)

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  • 16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Vieille carte d'école, sur le bateau

    HCMC, hôtel Papaye. Réveil vers 5h30 (Zoizeau de nuit avant), et lever 6h (vous n'avez pas l'impression de vivre "un jour sans fin"? On ne traîne pas: le taxi est prévu à 8h. "97 cas de Covid19 au Vietnam". On fait les comptes: il reste 155 euros en dongs et la même somme... en euros.

    Les Fratellis ont pris le café en terrasse. Pas de fruits frais ici. Il y a un coq qui vit sur le trottoir en face, où il y a une palissade qui masque un terrain vague. Il y a aussi des moineaux, qu'on ne voit plus en France, ou si peu. Pas de pie ni corbeau.

    8h: le fourgon Ford passe nous prendre. On est seuls à bord. Niglo est à moitié barbouillé par le café du matin. 3h30 (!) de route jusqu'à Can-Tho, branche ouest du Mékong (qui se sépare en neuf bras dans son delta). Quel foutoir! On roule à 60kmh sur une voie express empruntée aussi par des centaines de scooters.

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Poisson grillé de bienvenue

    Sur le bord de la route, sur des dizaines de km, des panneaux publicitaires ( ca phé, massages, pepsi...), des sacs plastique, des bidonvilles, des briques, des bras de fleuve, des vendeurs de boissons, de chips, de fruits, de lunettes, des gus qui dorment dans des hamacs. Enfin, arrivée dans la (très) grande ville de Can-Tho. Le chauffeur n'a pas dit un mot, sauf "toilet" quand on s'est arrêté 5mn. Un taiseux.

    Une guide, qui parle en français, nous serre la main! (oui) Avant de nous prendre la température (au front, voyons!): Zoizeau 37°, Niglo: 36,8°. Et là, elle nous annonce que ce sera une croisière privée sur le "petit" bateau en bois! On devait être 10, mais les autres ont annulé... Doit-on vraiment s'en réjouir? Voilà pourquoi la compagnie nous relançait régulièrement, soucieuse de ne pas laisser les derniers touristes lui glisser entre les doigts. Vient à Niglo la chanson de Jean-Roger Caussimon: "Monsieur William, que diable alliez-vous faire sur la 13ème avenue?"

     

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Petite cabine vers l'avant. Le pont est étroit. Clim' à 24° et... pas de wi-fi! La première fois du voyage. Zoizeau: "je sens que je vais m'ennuyer comme un rat mort". On n'est vraiment pas des routards.

    Midi: repas en tête à tête dans le salon-bar avec un poisson "genre carpe" nous dit-on, bien présenté en entier, fumant à l'intérieur (photo plus haut, dans ce blog on ne connaît pas la synchronisation). Ben, un très, très, bon, mais sous le regard de l'équipage, comme si on était dans un resto gastronomique. Tous seuls sur le Mékong, mais entourés de partout. Deuxième plat à suivre (boeuf et légumes), non nécessaire, et salade de fruits (jolie, jolie, qui eût plu à ma mère). Le poisson pouvait être roulé avec menthe, noodles et ananas. Une réussite.

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Vue du pont supérieur. Pas mal, non?

    A 14h, on est sur le pont supérieur, dans un bras du Mékong vers l'est. Pas d'internet, Zoizeau s'ennuie. On se repose un peu dans la cabine à 24°, le paysage défile par la fenêtre. A 15h30, Zoizeau obtient la 3G avec la guide. Tout va mieux (les eaux de la Mer Rouge s'ouvrent devant Moïse). Messages au Banjo man et à la carotte malfaisante. La peur s'en va.

    16h: on part en balade en petite barque à cinq dans un petit bras du Mékong. Palmiers coco, jacinthes d'eau. La guide nous explique qu'il y a deux marées par jour, et jamais de typhon à ce niveau du Mékong (ici, le "Bassac").

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Balade dans les petits bras du grand Mékong

    17h, retour au bateau-croisière en bois. Et à 19h30, dîner sur le pont supérieur. Bonne soupe en entrée. Après, crevettes, poulet au curry, pancake banane chocolat, ouf on ne mange pas tout (ils veulent nous en donner pour notre argent). 

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Retour sur le bateau-croisière en bois

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Retour dans la cabine exigüe. Demain, ce sera lever vers 6h. Inévitablement, on pense à notre retour prochain. Tout à l'heure, trois lézards se promenaient sur les vitres extérieures du salon de notre bateau-croisière en bois. La guide nous disait que les vietnamiens ont souvent deux enfants (un garçon, c'est le plus important). L'école est payante, même la publique. Bizarre les mecs, pour un pays communiste. Elle dit qu'elle n'a jamais été en France et aimerait voir la neige.

     

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Villa sans-souci

    16. 23 mars 2020 - Seuls sur le Mékong!

     

    Crépuscule sur le Mékong

    Serions-nous les 2 derniers touristes du Mékong?

    Belle ambiance au coucher de soleil, et les petits bateaux qui font le ferry d'une rive à l'autre. "Ne paie pas le ferryman avant qu'il ne t'ait envoyé sur l'autre rive" disait Chris De Burgh. "Dans une semaine, serai-je au boulot?", se dit Niglo.

    Cette fois on peut dire qu'on est allés au bout du bout. Ils sont bien cinq ou six  sur le bateau pour nous deux!

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    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Marché flottant de Caï Rang

    Réveil vers 5h15 dans la petite cabine du bateau en bois. La clim' a fait pas mal de bruit dans la nuit, comme un moteur de bateau en fait. A 5h40, Niglo remonte le store (petite fenêtre): le jour se lève sur le Mékong. Au loin, il y a deux pêcheurs sur une pirogue.La guide a dit: "Le soleil se lève à 6h30, mais vous n'êtes pas obligés (d'être sur le pont)".

    Le tit dèje est à 7h. A 8h, c'est prévu qu'on soit au célèbre marché de Caï Rang, et puis dans la journée on va remonter le fleuve (en amont, donc, dit Marcel).

    Zoizeau a dit qu'elle a hâte maintenant de retourner en France. Confinés solidaires.

    Dans cette cabine, c'est carrément le camping. Les valises sont glissées sous le lit. Zoizeau jongle avec ses médocs, ses e.garettes à recharger (les 2 portables sont à 100%, tout à l'heure elle va demander à la guide de partager la 3G).

    6h: notre bateau de croisière en bois a l'air de se remettre en route! On entend l'ancre qui remonte.

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Caï Rang pur jus

    On a pris le tit dèje au soleil sur le pont supérieur. Tomato, bacon, pain, confiture ananas, fromage, mangue, petite banane. Trop.

    A 8h, on est parti dans une longue barque couverte vers le marché de Caï Rang à 30mn du point d'attache. Sur les rives, beaucoup d'immondices. "Ils ont un problème avec çà", dit Zoizeau. I do agree, pense Niglo. Le marché des grossistes en légumes commence à 4h du matin (nous arrivons plutôt vers la fin). Mais, surtout, NOUS SOMMES LES SEULS TOURISTES!

    Pas un seul touriste, de quelque continent, alentour. On mange un demi-ananas sur le pont d'une jonque/barge (les ananas séchaient sur le pont. Le couple sur la jonque était payé par la guide pour nous recevoir).

    Au retour sur le quai, la guide nous explique que le calme est inhabituel (ah, bon?); tous les restos, toutes les boutiques de touristes sont fermées (ah, bon?). Des usines de vêtements ferment. Les enfants ne vont plus à l'école depuis deux mois. C'est sûr, on-ne-nous-dit-pas-tout.

     

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Femme au volant...

    10h10. Repos dans la cabine, jeu du solitaire pour Zoizeau. On lit que des touristes français sont coincés à Cébu (Philippines). On croit en notre avion de vendredi prochain (on est mardi). Notre fils le Banjo man envoie un message à 2h du matin: il a du mal à s'endormir. L'inaction rendrait-elle insomniaque?

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Cet après-midi, on va remonter le fleuve, sans halte prévue. On va peut-être aussi trouver le temps un peu long et ressentir l'inaction. Un peu d'ennui sur le Mékong, luxe inouï?

    A midi trente, le rituel du lunch. On n'a pas JL Reichmann, on a la Tiger beer. Encore une fois, c'est un très bon: crevettes bouillies dans une noix de coco (avec citron vert et poivre/sel), calamars frits, poisson à la citronnelle, et encore du boeuf en trop. Fruits, café.

    Après ça, tout le monde s'envole. On pense qu'il y a une habitude de la sieste. Mais bon, maintenant qu'on a la wifi dans le coin salon-bar, on y revient assez vite!

     

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Le temps est plutôt gris mais 33° quand même (enfin, le soleil est proche). Les news: 1 milliard de personnes confinées dans le monde. Le Vilot (frère de Zoizeau) va mieux (jardinage). Manu Dibango meurt à 86 ans. Afrique, adieu. 113 cas dans le Finistère.

    On navigue sur une branche importante du fleuve, le soleil est revenu. Bateaux de toutes tailles font le spectacle. On évalue sur booking l'hôtel de Hoï An: 8/10. Niglo s'est offert "Satin and lace" de Roger Daltrey, comme çà, sur le Mékong.

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Zoizeau dit à la guide: "Je ne fais que manger et dormir ici".

    -" J'ai 3000 euros de débit de carte bancaire. De toutes façons, c'est la fin, il ne reste plus grand' chose". Et c'était consenti, non? (Niglo).

    Zoizeau: "5 médecins sont morts en France aujourd'hui". (les nouvelles sont mauvaises, d'où qu'elles viennent, sauf quand nos enfants nous font coucou).

    La guide s'appelle Thien (dire "tine"), ce qui signifie "la fée" (ce n'est pas la fiancée du Mékong). Elle est assez bavarde avec les autres membres de l'équipage. Elle est originaire de MyTho (Mékong). Notre fille la carotte est en ligne avec Zoizeau: elle pense qu'il y aura un mois de confinement en France.

    Beaucoup de sites industriels sur la rive éloignée. Nous, on longe la rive sauvage et verdoyante. Le "Tai Nguyen 2" avec deux yeux à la proue et des pneus sur les côtés (pour faire pare-chocs?) essaie de nous doubler. En vain. Notre bateau-croisière en bois "torche" à présent. On voit plein de vietnamiens qui musardent dans des hamacs. Il y a des stations d'essence sur pilotis, des ferrys plus grans qui embarquent des camions, juste pour traverser. Il n'y a plus de pont ici, et le Mékong est bien large.

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

    Offrande d'ananas

    Vers 16h15, c'est la sortie des touristes (nous, les Fratellis), à 5 sur la petite barque, vers Dinh Phu et Dinh Hoa (merci Maps me!). On emprunte un bras de rivière bordé de maisons sur pilotis, de petits embarcadères de 50cm de large, en pierre ou en bois, qui descendent dans la rivière. Il y a des enfants qui se baignent, des adultes qui se lavent, des bateaux qui se croisent.

    La guide jette un froid lorsqu'elle reçoit un appel (de la police?) et nous demande quel jour et à quelle heure nous sommes arrivés au Vietnam. Mince, on est pistés jusqu'au fond du Mékong. Zoizeau est inquiète. Une part d'elle pense qu'on va venir nous arrêter demain en descendant du bateau. La guide est intarissable sur les plantes: kapokier, jacquier (?), palétuvier, goyave...

    Zoizeau dit: "les femmes au Vietnam travaillent beaucoup...". La guide: "Oui. A la campagne, elles aident leur mari le matin dans les rizières. A midi, l'homme boit de l'alcool de riz, si bien qu'il s'endort ou il vomit. Et la femme doit tout nettoyer. Si bien qu'à la campagne, les jeunes filles ne veulent plus rester". Vient à Niglo cette chanson de Julio Iglésias: "Nous les hommes...".

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    On voit un temple caudaïste (avec un oeil), une religion propre au delta du Mékong, née à la fin du XIXème siècle, qui mélange plein de religions avec des personnages célèbres de l'humanité (pour faire bref). Les enfants, des adultes nous saluent. Certaines maisons sont des bidonvilles, d'autres assez belles. En septembre, il y a des crues à ce niveau du Mékong.

    Avec le courant, une vague atteint la barque et mouille le futal du Niglo. Zoizeau porte un foulard sur la tête, tel Lawrence d'Arabie (ou Indira Gandhi). Deux fois le moteur s'enraie, à cause du plastique qui se prend dans l'hélice. Mais on rejoint le bateau-croisière en bois, où la guide invite les Fratellis à confectionner les rouleaux de printemps pour le dîner. Niglo est entraîné depuis la baie d'Along. Ah, dès le retour à bord, verre de citronnade et serviette humide pour se laver les mains. Niglo change de futal (humide, lui aussi, baptisé par le Mékong).

    Il est peut-être 17h30. Le soleil commence déjà à décliner et l'atmosphère va changer. Niglo voit clairement que Zoizeau est inquiète. Elle lui montre sur son portable un titre: "Tous les touristes arrivés au Vietnam depuis le 8 mars (c'est exactement nous) will be checked pm". En un mot, elle est persuadée qu'on ne prendra pas l'avion vendredi.

     

    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Alors la nuit est tombée sur le Mékong, et on a attendu 19h30 (que ce fut long) pour monter dîner sur le pont supérieur, sans la fausse bougie ce soir. "Soupe avec coeur de lotouss" a dit la guide. "On dirait des haricots", a répondu Zoizeau. On n'a rien mangé: les rouleaux/nems qu'on avait préparés, le poisson sauce passion. Et on a snobé le dessert. Direction la petite cabine à 24°. Zoizeau a dit à la guide: "On est inquiets".

    Quand je disais que dans ce voyage, il y aurait des hauts et des bas. Voici un bas. Demain, la sortie pour voir une pagode est annulée. On a demandé notre voiture pour 8h30 (3h30 pour regagner Saïgon avec cette circulation sans fin). On prendra la température à Saïgon. N'oublions pas notre solitude finalement: deux touristes tous seuls dans le delta du Mékong. On a voulu aller jusqu'au bout, c'est fait. Niglo écrit à son fiston Arthur (dont la copine -la Rochelaise- est soupçonnée par téléconsultation d'être à son tour positive au Covid19, la pharmacie va lui apporter des médocs, 2 semaines d'arrêt, et Arthur va faire à son tour une téléconsultation: gros rhume): "On va essayer de réussir notre retour".

     

    O17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

    Un pont sur un petit bras du Mékong

    Sur les conseils du Vilot (le frère de Zoizeau), Zoizeau envoie un mail à l'administration française (Ho Chi Minh Ville) afin qu'on se signale. "Hou, hou, on est les Fratellis!"

    "Mais qu'alliez vous faire dans la 13ème avenue?", dit la chanson de Jean-Roger Caussimon. La 13ème avenue, où Monsieur William va perdre la vie. Enfin, au fond, on est sérieux. Nolaf le mataf, le copain de Charente, nous envoie une vidéo où il pleure en partageant sa dernière patate avec Corinne, sa compagne: "Corinne... C'est quand même vachement émouvant, il dit. Putain de coronavirus!". Ah, ah, génial! "Tu es trop con!", lui dit Zoizeau. Nolaf a ramené le sourire dans la cabine. Sa prestation devrait lui valoir un César, pas moins.

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    17. 24 mars 2020 - Stupeur au marché flottant de Caï Rang

     

     

     


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  • 18. 25 mars 2020 - Mais qu'est-ce qu'on fout à Ho Chi Minh City?

     

    18ème jour au Vietnam. Avion moins 2. A 6h25 on est dans le salon-bar, Zoizeau douchée depuis 5h, Niglo shampooiné depuis 15mn. Zoizeau pense toujours qu'on va être cueillis à la sortie du bateau, non pas par les Waffen-SS, mais par la police des viets.

    "Si on veut nous faire signer un papier disant qu'on prend en charge les frais de dépistage du coronavirus, on ne signe pas" (Zoizeau). Un soleil orange joue à travers les persiennes. Drôle d'atmosphère pour une arrestation. Niglo vient de lire un article sur Uderzo qui vient d'avoir une crise cardiaque fatale à 92 ans (Goscinny, c'était en '77 ou '79). A cette période, il avait déjà laissé tombé Astérix. Niglo n'avait pas aimé "le domaine des Dieux" (1971). Et 10mn plus tard, on n'a plus la Wi.

    Un hélicoptère passe dans le ciel. Apocalypse now. Zoizeau dit; "Il vient nous chercher". Avec un petit sourire quand même. La clarté du jour rassure. Des ferries emplis de scooteristes traversent le fleuve. Notre bateau de bois n'a pas encore levé l'ancre vers son quai d'attache de Cai Khé, là où d'habitude il y a boutiques, restos, karaokés et marché. Tout fermé.

    18. 25 mars 2020 - Mais qu'est-ce qu'on fout à Ho Chi Minh City?

     

    Niglo ne donne même plus les dernières nouvelles mondiales du Covid19. Zoizeau n'a pas envie de faire partager son inquiétude aux enfants. Son frère le Vilot a l'exclusivité. Le fiston Arthur n'a pas donné le résultat de sa téléconsultation. Quand même, le Vilot-la Rochelaise - Arthur soupçonnés positifs, çà fait beaucoup.

    Ici, la météo est belle. On est à 6km de notre quai d'attache. Merci Maps me. Le capitaine (jeune trentenaire en chemise blanche, qui nous dit seulement "good morning") s'affaire autour des cordages. On va lever l'ancre sous peu... et quitter le bateau aussitôt qu'on pourra après le tit dèje, si vous avez bien compris. Zoizeau voit un bateau de la police au loin (en fait, pas si loin). Elle dit: "J'ai presque hâte de tomber dans la gueule du loup parce que ça m'énerve tellement. Je te jure". Elle a un débardeur noir et un pantalon de sport noir avec des mentions positives en anglais sur une bande verticale: "Thank you and have a good day. Don't kill my positive energy and my funky vibes". Elle n'a pas ses cheveux ramassés. Elle fera bonne figure au chef de la police. Elle dit: "Ce sera chômage technique sur le bateau une fois qu'on aura débarqué".

    18. 25 mars 2020 - Mais qu'est-ce qu'on fout à Ho Chi Minh City?

     

    Ferry sur le Mékong

    Le bateau descend le fleuve. On a de nouveau la Wi. La guide arrive: "Thé ou café svp?". Niglo a payé l'addition des drinks. Zoizeau est à cran, très sympathique.

    On a accosté. On a quitté le bateau sans laisser de pourboire à l'équipage. Le fourgon Ford nous attendait, sagement garé. Zoizeau a eu l'air surpris de ne voir nulle part la police (8h30). Les Fratellis ont dit "au revoir" à la guide. C'est tout.

    La clim' dans le fourgon, le même chauffeur silencieux et prudent. Sortis des griffes du Mékong, cap à l'est vers Ho Chi Minh City! Zoizeau donne un coup de coude à Niglo après 2h30 de route. Il s'assoupissait bien sûr.

    Midi à Saïgon. On aperçoit quelques touristes sur les trottoirs. Ouf. 4 euros au chauffeur qui nous descend devant l'hôtel Papaye. Niglo voit que le resto BBQ en face est fermé. On nous donne une belle chambre, la 201, surclassés que nous sommes par booking. En fait, on avait annulé la réservation quelques jours plus tôt, et en faisant une nouvelle réservation, on a payé moins cher dans une belle chambre. Ce sera notre QG jusqu'au départ.

    18. 25 mars 2020 - Mais qu'est-ce qu'on fout à Ho Chi Minh City?

     

    On sort. 33°? On pense retourner à la terrasse de l'Usine, à 100m de l'hôtel (au 1er étage, discret, en face des palissades cachant les grands travaux du métro). Il y a encore la carte à l'entrée. Mais un vigile en bleu nous fait une croix avec ses avants-bras. Fermé. Alors on suit les palissades bleues jusqu'au Saïgon Center qu'on avait découvert dimanche matin. Il y a des restos au 5ème étage. Mais un vigile nous dit que l'étage est fermé.

    Il reste une sorte de Monoprix au moins 2, avec des produits du monde entier, assez chers bien sûr (toute une partie de l'étage est fermée). Ouf, on fait des provisions: on mangera à l'hôtel: pain, beurre et saucisson italien. Oh, oh, l'entorse aux belles résolutions! Le frigo n'est même pas froid, alors on liquide les petits yaourts aux fruits de la passion. Et on met TV5 Monde. Confinement probable jusqu'à demain.

    18. 25 mars 2020 - Mais qu'est-ce qu'on fout à Ho Chi Minh City?

     

    16H (10h à Rennes): visio avec notre fille (la carotte), magie moderne. Elle trouve le temps long, mais tient bon. Visio avec le Banjo man (notre fils aîné)! Image nette. Emouvant de le voir. Il sourit. On est content.

    On se fait une soirée musique dans la chambre 201. Le portable de Niglo pulse. Neil Young à Farm Aid '85, Simon and Garfunkel, "School" de Supertramp, "Country road" par John Denver. Et puis la belle chanson de la Grande Sophie "Hanoï", et Lavilliers "Saïgon" bien sûr!

    21h35: good night ladies, good night.

    vietnamtour2020.ek.la

     

     


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  • 19. 26 mars 2020 - Saïgon: ce sera Pomsticks au paprika!

     

    Centre de Saïgon

    Ho Chi Minh City, hôtel Papaye. C'est le 19ème jour au Vietnam: demain, au petit jour, si tout va bien, on reprendra l'avion pour la France. Zoizeau s'est réveillée tôt dans la nuit, Niglo à 6h15. La chambre a la forme d'une portion de Vache-qui-rit, en ovale derrière la tête de lit (la rue derrière nos têtes). Zoizeau se démène: elle réussit à envoyer des e.mails au boulot, à nos chèfes, aux ressources humaines. On pourrait avoir une réponse en fin d'après-midi.

    Bien sûr, on est sur TV5 Monde. On n'a pas fait de repas hier soir. Il reste 2300000 dong à Niglo, soit 92 euros, plus 95 euros. Zoizeau pointe à 1600000 dongs (60 euros), plus 60 euros. Pas mal.

    Nolav le Mataf (le copain du pays du Pineau), a envoyé une 2ème vidéo, de quatorze secondes cette fois. Il est sur sa terrasse, chapeau et lunettes, blouse bleue d'hôpital ("et un trou dans sa chaussette", a remarqué le banjo man). Il a une cannette de 1664 en perfusion. "Coronavirus: putain, c'est dur!", dit-il. En sourdine, on entend le chant d'un oiseau. Zoizeau attend déjà une 3ème vidéo (elle se passe les deux vidéos en boucle).

    19. 26 mars 2020 - Saïgon: ce sera Pomsticks au paprika!

     

    Photo (accidentelle?) de la rue de l'hôtel, le dernier jour

    Sur TV5 Monde, président Macron n'arrête pas de répéter "nous sommes en guerre". C'est bien un truc de mec. On peut lutter contre ce virus sans terme guerrier, non?

    On descend prendre le tit dèje au bar de l'hôtel, en terrasse sur le trottoir. Le coq est un peu plus loin sur le trottoir d'en face. Café noir, pastèque et oeufs brouillés avec toast et un petit bout de bacon. La serveuse sourit ce matin. Quelques handicapés (bras en moins, ou pied, ou femme avec canne tripode) font la manche, sans trop insister.

    On décide de faire un tour du quartier vers le marché. Presque tout est fermé. On ne prend plus de photos non plus. Le Saïgon Center n'ouvre qu'à 11h. A la tour Bitexo, l'observatoire du 59ème étage est fermé. Masque obligatoire. On prend la température du Niglo au front: 34,9°. C'est "low", montre le vigile. Railleries de Zoizeau, Niglo entend "fiotte" et "chochotte". Quelques boutiques ouvertes: Zoizeau achète un coussin pour l'avion. Il fait bien 35°. Un groom propose aux Fratellis d'entrer dans le grand hôtel Liberty Central Saïgon où le bar est ouvert avec clim'. Wifi et Tiger beer.

    19. 26 mars 2020 - Saïgon: ce sera Pomsticks au paprika!

     

    On décide de ne pas refaire le Saïgon Center et de faire des courses d'appoint au magasin Circle K à 20m de l'hôtel. Il y a des petits sandwichs en triangle (tuna, eggs) et des petits yaourts aux fruits de la passion. Parfait pour la chambre. 12H et on est sur le lit. Il est 6h en France confinée. On voit les premières infos. Zoizeau refait sa valise.

    15h30: La chèfe de Niglo a répondu. Contente qu'on aille bien. Il devra la rappeler demain à l'arrivée en France. Zoizeau dit que les passagers du train quotidien arrivant en gare dans notre ville sont contrôlés, et qu'il nous faudra une attestation. Sinon, amende (prune).

    16h30: Niglo retourne au Circle K chercher deux hot-dogs.

    Ce matin, c'était le dernier tour en ville. Zoizeau a dit: "J'ai hâte de foutre le camp d'ici!". Tous ces vietnamiens assis par terre, ou sur leur scooter, qui nous regardent (ou pas), nous les derniers touristes, poussés au départ. Il y a quelques jours, on avait un oeil de vacancier à l'aventure. Aujourd'hui, il est temps de partir. Il paraît qu'un internaute sur dix ne souhaite pas le retour des vacanciers (inconscients?).

     

    19. 26 mars 2020 - Saïgon: ce sera Pomsticks au paprika!

     

    Nostalgie de la bonne nourriture  (et des boutiques ouvertes) à Hanoï

    Quand Niglo reprend le carnet de voyage (celui-ci), il voit qu'à Paris la veille du départ il regardait le match OM-Amiens. On jouait encore au foot, une semaine plus tard c'était le 1er tour des élections , dimanche 15 mars.

    Tout est allé très vite. On pressentait que le virus allait toucher la France, au boulot on ne se faisait plus la bise la dernière semaine. Les enfants nous ont encouragés à continuer (le Vilot, moins). Et puis, on a failli faire demi-tour et arrêter tout à Hoi Han. Mais on a choisi l'option "allons au bout", surtout quand on a vu que la croisière sur le Mékong était maintenue, et qu'Air-France affrêtait deux avions pour Paris au départ de Saïgon (le 25 mars, et le 27 pour nous).

    Bon, ils auraient pu nous dire qu'on serait les seuls touristes sur le bateau en bois, et même sur tout le Mékong. On aurait sans doute dit non. Zoizeau: "Notre bateau n'était pas un beau bateau comme le Pélican (baie d'Along), mais ils ont quand même fait un effort pour la nourriture..."

    19. 26 mars 2020 - Saïgon: ce sera Pomsticks au paprika!

     

    Vous imaginez notre dernier dîner sur le Mékong, sur le pont supérieur, dans la nuit, avec les quelques lumières de la rive, un ferry qui traversait la rivière, un petit lézard qui maraudait près du néon. Zoizeau n'avait plus faim. Niglo non plus. Là, on était loin de tout. Heureusement la vidéo de Nolaf le Mataf partageant sa patate avec "Corinne" nous a fait rire dans la cabine.

    On avait choisi de ne pas faire de voyage organisé, alors on devait s'attendre à quelques carabistouilles... Et, pour le moment, tout s'est plutôt bien passé pour les Fratellis. Zoizeau est en phase pré-décollage déjà.

    17h, message du Vilot (frère de Zoizeau): "je crois que vous tenez le bon bout". Niglo, c'est plutôt le retour sur le sol français, avec les valises à tirer, et le confinement, qui pourrait le chiffonner. Mais quand on a 34,9° de température, et sans doute une tension à 9 comme le pense Zoizeau...

    Le gouvernement promet une prime au personnel soignant en France. Il pourrait leur donner 4000 euros tout de suite déjà. Des mois qu'ils manifestent pour une meilleures reconnaissance (le clip du personnel CHU de Brest sur l'air de "Lambé An Dro").

     

    19. 26 mars 2020 - Saïgon: ce sera Pomsticks au paprika!

     

    20 centimes d'euro

    18h30: dernier passage au Circle K pour acheter les deux mêmes hot-dogs qu'en début d'après-midi. Le serveur est désolé. Il ne peut plus en vendre, même en "take away" (aux touristes?). "Sorry sir". Niglo voit qu'il est embêté.

    Tant pis, ce sera des Pomsticks au paprika de chez Lorenz, et un yaourt aux fruits de la passion si on a encore faim. Chez Louan, il y a 10 jours, un mois (?), c'était bien, c'était chouette.

    Les douches ont été prises. En quelques mn, les valises sont fermées. On a le droit à 23kg par valise plus 10kg pour les bagages à main. On est en dessous (Niglo a le cadeau d'Arthur et la Rochelaise, le pèse-valises). Demain, réveil vers 4h30, pour être prêts à l'arrivée du taxi (5h30).

    20h20: on dit que c'est dodo à Ho Chi Minh City.

    vietnamtour2020.ek.la


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